Toilette sans évacuation : comment ça marche ?

Connaissez-vous ce fait étonnant ? Ajouter une pièce d’eau supplémentaire peut augmenter la valeur de votre bien immobilier de près de 10% !

Cependant, l’installation de toilettes traditionnelles nécessite des conduits d’évacuation de 10 cm de diamètre, ce qui n’est pas toujours réalisable dans tous les espaces. C’est là que la toilette sans évacuation entre en jeu, offrant une solution innovante pour créer des sanitaires pratiquement n’importe où dans votre maison.

En effet, que ce soit avec un système de broyeur permettant l’évacuation par un simple tuyau de 22 à 32 mm, ou des toilettes sèches fonctionnant sans eau, ces solutions alternatives s’adaptent parfaitement aux espaces réduits, aux sous-sols, ou même aux combles. Ces systèmes vous permettent notamment de réduire votre consommation d’eau tout en maintenant un confort optimal.

Découvrons ensemble comment ces différents systèmes fonctionnent et comment choisir la solution la plus adaptée à vos besoins.

Qu’est-ce qu’une toilette sans évacuation ?

Une toilette sans évacuation est un dispositif sanitaire qui fonctionne sans nécessiter de raccordement à une canalisation d’évacuation standard de 10 cm de diamètre. Ces systèmes permettent d’installer des WC dans pratiquement n’importe quel espace, y compris ceux dépourvus d’accès direct au réseau d’assainissement.

Les différents types de systèmes disponibles

Deux grandes catégories de toilettes sans évacuation traditionnelle existent sur le marché :

1. Le WC broyeur (sanibroyeur) :
   
   Ce système électrique broie les matières solides et les transforme en une substance liquide pouvant être évacuée par un tuyau de faible diamètre (22 à 32 mm). Le principe est simple : lorsque vous actionnez la chasse d’eau, le moteur électrique déclenche un couteau de dilacération qui broie les matières avant de les refouler vers le réseau d’assainissement. Certains modèles permettent même de raccorder d’autres équipements sanitaires comme un lavabo ou une douche.
   
   
2. Les toilettes sèches :
   
   Contrairement aux WC traditionnels, ces systèmes fonctionnent sans eau. Plusieurs variantes sont disponibles :
   
   • Les toilettes à séparation ou à sciure qui séparent les liquides des solides
   • Les toilettes à combustion qui incinèrent les déchets (jusqu’à 550°C) pour les transformer en cendres
   • Les toilettes à congélation qui conservent les déchets à basse température jusqu’à leur évacuation
   • Les toilettes à compostage qui transforment naturellement les matières en compost utilisable

Pourquoi opter pour cette solution ?

Les avantages des toilettes sans évacuation sont nombreux et répondent à différents besoins :

• Facilité d’installation : Elles ne nécessitent pas de gros travaux et s’installent rapidement, même dans des espaces restreints d’au moins 1,2 m².
• Économie d’eau : Un WC broyeur consomme seulement 3 litres d’eau par chasse contre 9 litres pour une chasse d’eau ordinaire.
• Adaptabilité : Idéales pour aménager des toilettes dans des combles, sous-pentes, caves ou autres espaces éloignés des chutes d’aisance.
• Solution écologique : Particulièrement pour les toilettes sèches qui fonctionnent sans eau et permettent parfois de valoriser les déchets.
• Polyvalence : Selon le modèle choisi, certains systèmes permettent également d’installer un lavabo, une douche ou une baignoire dans la même pièce.

Ces installations sanitaires alternatives sont particulièrement adaptées aux habitations sans tout-à-l’égout, aux résidences secondaires, aux bateaux, ou simplement pour créer un point d’eau supplémentaire sans engager de travaux conséquents de plomberie.

Le fonctionnement du broyeur WC

Le cœur du système de toilette sans évacuation repose sur un mécanisme ingénieux qui permet d’installer des sanitaires pratiquement n’importe où. Découvrez ici les secrets techniques qui rendent ces installations possibles.

Principe technique du broyage

Le broyeur WC fonctionne grâce à un système de dilacération qui réduit les matières en particules fines. Lorsque la chasse d’eau est actionnée, le niveau d’eau monte dans le réservoir jusqu’à atteindre un seuil critique. À ce moment, un détecteur enclenche automatiquement le moteur électrique. Selon les modèles, différentes technologies de broyage peuvent être utilisées :

• Un couteau mono-lame en acier résistant qui découpe les effluents
• Un disque multi-couteaux équipé d’une vingtaine de lames pour une dilacération optimale
• La technologie Pro X K2, capable de prendre en charge des rejets plus conséquents comme les lingettes ou serviettes hygiéniques

Ce processus de broyage permet aux déchets de passer dans des conduits de faible diamètre (minimum 22 mm), contrairement aux toilettes traditionnelles qui nécessitent des tuyaux de 100 mm.

Circuit d’évacuation des eaux usées

Après le broyage, les matières diluées sont propulsées vers le réseau d’assainissement par une turbine. Cette pompe de relevage permet d’évacuer les déchets même en l’absence de pente naturelle. En effet, selon les modèles, la hauteur de relevage vertical peut atteindre 5 mètres, tandis que le refoulement horizontal peut s’étendre jusqu’à 100 mètres.

Pour garantir une efficacité optimale, l’installation doit respecter certaines règles :

• Éviter les coudes à 90° qui réduisent la distance maximale de refoulement de 0,5 à 1 mètre
• Maintenir une pente descendante pour les canalisations horizontales (minimum 1%)
• Installer un clapet anti-retour au plus près du broyeur pour éviter les reflux

Alimentation électrique et consommation

Le broyeur WC nécessite impérativement un raccordement électrique pour fonctionner. Il doit être branché à une prise avec mise à la terre et protégé par un disjoncteur différentiel de 30 mA, conformément à la norme NF C 15-100.

Côté consommation, ces appareils sont généralement économes :

• Tension : 220-240V
• Fréquence : 50-60Hz
• Puissance moteur : environ 400W
• Niveau sonore : 46 dB(A)

La consommation électrique par utilisation reste faible, variant de 0,5 à 1,14 Wh selon le type de chasse utilisée. Sur une année, cela représente environ 5,44 kWh, soit approximativement 1,37€. Attention cependant : en cas de coupure électrique, le système devient inutilisable.

Installation d’un WC avec système broyeur

L’installation d’un WC avec système broyeur peut être réalisée sans gros travaux et représente une solution idéale pour ajouter des toilettes pratiquement n’importe où dans votre logement. Voici tout ce que vous devez savoir pour réussir cette installation.

Matériel nécessaire pour l’installation

Pour installer votre WC broyeur, vous aurez besoin des outils suivants :

• Un niveau à bulle et une équerre pour garantir un positionnement parfait
• Une perceuse à percussion pour fixer l’appareil au sol
• Des outils de découpe : cutter, scie à métaux, pince coupante pour PVC
• Des tournevis cruciformes et une clé plate ou à molette
• Un marteau et du papier abrasif

Côté matériaux, prévoyez :

• Le WC broyeur complet
• Un robinet auto-perceur et flexible d’alimentation
• Des tuyaux PVC (diamètre 32-40 mm) et raccords appropriés
• De la colle spéciale PVC
• Des colliers de serrage et un clapet anti-retour
• Des chevilles et fixations adaptées à votre sol

Étapes de montage et de raccordement

1. Préparation : Coupez l’arrivée d’eau générale. Repérez l’emplacement idéal en vérifiant la présence d’une arrivée d’eau, d’une prise électrique et d’une évacuation à proximité.
2. Fixation du WC : Positionnez le WC sur le tapis insonorisant fourni. Marquez les points de fixation, percez, puis insérez les chevilles avant de visser l’ensemble.
3. Raccordement à l’évacuation : Raccordez le manchon d’évacuation au diamètre adapté à votre tuyauterie. Fixez l’ensemble avec un collier de serrage. Installez également le clapet anti-retour si nécessaire.
4. Connexion à l’eau : Montez le flexible d’alimentation entre le robinet d’arrêt et l’arrivée d’eau du WC.
5. Finalisation : Branchez le broyeur à la prise électrique, ouvrez l’arrivée d’eau et effectuez plusieurs tests pour vérifier l’absence de fuites.

Précautions importantes à respecter

Le raccordement électrique doit impérativement être réalisé selon la norme NF C 15-100, avec une prise reliée à la terre et protégée par un disjoncteur différentiel de 30 mA. Dans une salle de bains, la prise doit être installée hors volumes de sécurité.

Concernant l’évacuation, respectez une pente descendante d’au moins 1% pour le tuyau horizontal. Pour un relevage vertical, installez toujours d’abord la partie verticale avant l’horizontale. Évitez les coudes à 90° et préférez des coudes à 45° maximum.

N’oubliez pas que le sanibroyeur doit toujours être raccordé au réseau des eaux vannes (égout ou fosse septique) et jamais aux eaux pluviales. Enfin, vérifiez auprès de votre copropriété ou municipalité si une autorisation est nécessaire avant l’installation.

Les toilettes sèches et à compostage

Contrairement au système de broyeur, les toilettes sèches représentent une alternative écologique qui fonctionne totalement sans eau et transforme les déchets en ressource valorisable.

Principe de fonctionnement

Les toilettes sèches fonctionnent selon un principe simple : collecter séparément ou ensemble les matières fécales et les urines, puis les traiter par compostage. Deux grandes catégories existent sur le marché : les toilettes unitaires (sans séparation) et celles avec séparation à la source. Dans le premier cas, urine et matières fécales tombent dans un même réceptacle avec une litière carbonée (sciure, copeaux) qui absorbe l’humidité et neutralise les odeurs. Pour les modèles à séparation, un insert spécial dirige les liquides vers un réservoir distinct, réduisant ainsi le volume à composter et les fréquences de vidange.

Installation et utilisation quotidienne

L’installation des toilettes sèches ne nécessite ni arrivée d’eau, ni évacuation, ni raccordement électrique pour la plupart des modèles. En intérieur, un système de ventilation peut toutefois s’avérer nécessaire pour éviter toute remontée d’odeurs.

Pour une utilisation quotidienne optimale :

1. Déposez environ 5 cm de litière au fond du réceptacle avant la première utilisation
2. Après chaque passage, recouvrez vos déjections d’une à deux pelles de matière carbonée
3. Videz le seau lorsqu’il est plein (environ une fois par semaine pour une famille de 4 personnes)
4. Nettoyez régulièrement l’assise avec une éponge humide et un produit écologique

Contrairement aux idées reçues, les toilettes sèches bien entretenues ne dégagent pas d’odeurs désagréables.

Gestion des matières et valorisation

Le compostage des matières issues des toilettes sèches doit se faire dans un composteur fermé et protégé des intempéries, comme l’exige la réglementation française. Pour un compostage optimal, il est recommandé de disposer d’au moins trois espaces distincts permettant une rotation sur deux ans.

Le processus se déroule en deux phases : la décomposition initiale (phase active où la température monte) puis la maturation (phase plus lente où la macro-faune transforme la matière en humus stable). Après 18 à 24 mois de compostage et plusieurs retournements, le compost devient un amendement précieux pour les plantes ornementales, arbres et arbustes. Pour le potager, mieux vaut s’assurer de la maturation complète avant utilisation.

Cette solution permet non seulement d’économiser environ 30 à 40 litres d’eau potable par personne et par jour, mais aussi de s’engager dans une démarche écologique complète en refermant le cycle naturel des nutriments.

Conclusion

Les toilettes sans évacuation offrent une solution pratique et écologique pour aménager des sanitaires dans pratiquement tous les espaces de votre maison. Que vous optiez pour un système broyeur ou des toilettes sèches, ces installations présentent des avantages considérables en termes d’économie d’eau et de facilité d’installation.

Certainement, le choix entre les différentes options dépendra de vos besoins spécifiques. Le système broyeur convient parfaitement aux espaces restreints nécessitant un raccordement au réseau d’assainissement, tandis que les toilettes sèches représentent une alternative totalement écologique pour ceux qui souhaitent valoriser leurs déchets.

L’installation de ces systèmes alternatifs permet non seulement d’augmenter la valeur de votre bien immobilier, mais aussi de réduire significativement votre consommation d’eau. Ainsi, vous participez activement à la préservation des ressources naturelles tout en bénéficiant d’une solution sanitaire moderne et efficace.